Soigner des vies au quotidien est un beau métier, mais demande beaucoup d’énergie et une capacité de résistance à la fatigue et au stress. Les services hospitaliers, les services d’urgence, les EHPAD (Etablissements pour personnes âgées dépendantes) et tous les autres services du corps médical travaillent dur chaque jour pour apporter les soins nécessaires aux personnes malades ou accidentées.
Se sentir bien dans son travail, c’est encore plus nécessaire à l’hôpital qu’ailleurs car les conditions de travail vont forcément avoir un impact sur la manière dont seront écoutés les patients.
L’ergonomie en milieu hospitalier est donc un sujet crucial.
Que regroupe-t ’elle exactement et quels sont les objectifs de l’ergonomie en milieu hospitalier ? Quelles sont les problématiques les plus courantes ? Pourquoi l’ergonomie en milieu hospitalier est-elle un enjeu majeur tant du côté de l’employeur que du personnel soignant ? Ergonomie et bientraitance sont-elles liées ?
Réponses à toutes ces questions afin d’y voir plus clair.
Qu’est-ce que l’ergonomie ?
L’ergonomie, c’est l’adaptation du travail à l’homme. Elle prend ainsi en compte tout ce qui peut influencer la réalisation du travail :
- Travail physique
- Travail mental
- Aspects psychiques ou affectifs du travail (stress…)
- Horaires de travail et travail de nuit
- La chaleur, le froid, le confort thermique
- L’éclairage
- Le bruit
- L’architecture et l’espace.
L’ergonomie a toujours pour objectif l’amélioration des conditions de travail et d’utilisation des outils. D’ailleurs, trois mots sont indissociables de cette discipline : efficacité, santé et sécurité. Pour cela, l’ergonomie puise dans des sciences aussi diverses que la médecine, la psychologie ou encore la sociologie. Ces caractéristiques se retrouvent dans les trois dimensions classiques de l’ergonomie.
L’ergonomie physique : c’est la prévention des troubles musculaires et squelettiques, impacts de la posture assise, conséquences des mouvements répétitifs, etc.
L’ergonomie organisationnelle : c’est l’analyse des facteurs humains, managériaux, de la conduite du travail, des situations à risques dans les organisations, du travail en équipe, de la culture d’entreprise… La problématique est d’optimiser l’organisation du travail par rapport aux travailleurs.
L’ergonomie cognitive, parfois appelée ergonomie mentale, puisque c’est une analyse des processus et modèles mentaux : raisonnement, mémorisation, perception… L’ergonomie informatique, plus spécifiquement centrée sur les relations homme-ordinateur, fait ainsi partie de l’ergonomie cognitive.
Quels sont les objectifs de l’ergonomie ?
Les objectifs fondamentaux de l’ergonomie sont doubles :
La minimisation des maladies et des accidents
L’ergonomie sert à éviter les douleurs physiques et les sur-sollicitations mais elle a aussi des objectifs à plus long terme et faire en sorte que :
- le travail soit acceptable par l’organisme humain physiquement et psychologiquement,
- le travail n’entraîne aucune fatigue excessive qui ne soit pas insidieusement dégradant
- le travail ne précipite pas le vieillissement normal de l’organisme,
- l’homme ou la femme au travail puisse parcourir une vie professionnelle de quelques dizaines d’années sans problème grave
- réduire le nombre d’accidents avec des postes de travail correctement agencés.
L’amélioration du bien-être et du rendement
Des postes de travail et des processus de travail ergonomiques constituent les conditions premières du bien-être des professionnels de santé durant l’exercice de leur activité. Par ailleurs, un agencement du travail adapté aux capacités et aux besoins du personnel réduit les sollicitations physiques, ralentit l’apparition de la fatigue, améliore le confort et augmente la motivation.
Tous ces éléments ont une influence positive sur la qualité mais aussi sur le rendement et la productivité du personnel de santé.
Pourquoi l’ergonomie en milieu hospitalier est-elle un enjeu majeur tant du côté de l’employeur que du personnel soignant ?
Si le personnel soignant gagne en confort physique et mental à voir ses conditions de travail s’améliorer, les dirigeants hospitaliers ont aussi un intérêt à mettre en place des mesures pour leur amélioration.
Selon l’Assurance maladie, 20 % des accidents du travail et 60 % des arrêts de travail du secteur médico-social sont en effet liés au mal de dos. Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont même la 1ère cause d’arrêt de travail et d’inaptitude chez le personnel soignant et ils font partie des facteurs de pénibilité les plus importants, notamment dans les EHPAD. Aides-soignants, brancardiers et infirmiers sont les premiers touchés.
Représentant 95% maladies professionnelles reconnues dans le secteur sanitaire et médico-social, Les TMS représentent donc un poids pour les soignants comme pour les structures. A court terme, ils génèrent des arrêts de travailet désorganisent les équipes. A long terme, ils peuvent devenir sources de handicap et d’inaptitude professionnelle, mettant à mal la pérennité des postes et la continuité des services.
Compte tenu de la forte sinistralité de ces métiers, des difficultés à recruter et fidéliser le personnel soignant, les TMS représentent par ailleurs un enjeu de prévention majeur pour maintenir des soins de qualité et un fonctionnement optimal au sein des établissements de santé.
Les effectifs hospitaliers sont déjà sous tension, il est donc primordial pour les structures de soins d’aménager les postes de travail de façon ergonomique pour limiter au maximum les TMS. L’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des maladies professionnelles et des accidents de travail (INRS) estime par ailleurs que l’ensemble des contraintes physiques, psychiques et psychosociales auxquelles sont confrontés les soignants dans un environnement de travail de plus en plus complexe (population vieillissante, pluri pathologies, pression économique, exigence du public, organisation du travail, agressivité…) favorisent les TMS. Le manque de reconnaissance de la hiérarchie, l’insatisfaction au travail, la charge élevée de travail et la pression du temps, sont également des éléments reconnus pour agir sur l’apparition de ces troubles et sur lesquels il est donc important de travailler.
Ergonomie et bientraitance sont-elles liées ?
Dans un contexte où les 75-84 ans passeront de 4,1 millions en 2021 à 6,1 millions en 2030, il est urgent de donner la priorité à l’ergonomie pour améliorer les conditions de travail des personnels soignants qui s’investissent auprès des plus âgés pour prévenir des situations inconfortables, voire dangereuses.
L’épuisement et l’affaiblissement du corps médical ont en effet un impact important sur la gestion et le traitement des demandeurs de soins.
La bientraitance n’est pas seulement l’absence de maltraitance mais une démarche active, une manière d’être, d’agir et de dire soucieuse de l’autre, réactive à ses besoins, respectueuse de ses choix et de ses refus. Le respect de la personne, quelles que soient ses déficiences est donc un préalable à toute bientraitance.
Mais respecter les capacités restantes, les choix et les souhaits des patients, notamment en EHPAD, exige de l’empathie, de la curiosité, de la douceur et de la patience. Or, il est difficile d’offrir tout cela aux patients quand le personnel soignant est lui-même en souffrance à cause de mauvaises conditions de travail où se cumulent des difficultés dans les 3 dimensions de l’ergonomie : physique, organisationnelle et cognitive.
La formation, un outil indispensable pour améliorer les conditions de travail.
Permettre aux personnels soignants d’exercer leur activité en réduisant la difficulté de travail va leur fournir un soutien physique et mental. De bonnes conditions de travail passent par la construction ou le réaménagement de locaux, le choix de mobiliers et d’outils informatiques plus adéquats, l’entretien du matériel et son remplacement, de bonnes conditions environnementales, une bonne planification du travail mais également par la formation.
La formation du personnel soignant est même une des composantes essentielles de la prévention des TMS.
Les soignants sont formés à l’ergonomie et au risque de TMS dans leur formation initiale. Cependant, des formations régulières permettent de leur rappeler pourquoi ils doivent prendre soin d’eux, comment le faire, et quel est l’intérêt des différentes aides techniques. Savoir s’organiser, utiliser les gestes et postures adaptés, utiliser les moyens de protections mis à disposition sont autant de sujets à aborder afin de rendre les soignants acteurs de la prévention.
Mettant son savoir-faire au service des soignants, l’AFPC propose un ensemble de formations répondant aux exigences métier des différents professionnels de santé
Formation manutention manuelle des charges
Formation Manutention de personnes et ergonomie
Formation gestes et postures travail sur écran
La collectivité exige aujourd’hui de l’hôpital une efficience maximum. Depuis trente ans, en France comme dans beaucoup d’autres pays, de nombreuses études, basées sur les méthodes de l’ergonomie, ont été menées afin de mieux cerner les contraintes d’organisation par une meilleure connaissance du travail des différents métiers du secteur médical, d’adapter les conditions de travail à la physiologie et à la psychologie humaine et de réduire les risques d’accidents de travail et d’évènements indésirables. Et demain, quels sont les enjeux de l’ergonomie au sein de l’hôpital moderne ? Certainement de basculer d’une ergonomie de correction, où l’on s’arrange de l’existant, à un regard orienté « ergonomie » à la conception même de l’hôpital : affaire à suivre !